Commissioned by Geneva Camerata with support from “The Adele and John Gray Endowment Fund”, conducted by David Greilsammer, choreography and dance by Nicolas Cantillon, CIE 7273
Montreal 2015/16, 14’ Ca
Cette pièce joue avec l’idée d’un moment de climax à l’arrêt, ou autrement dit, un moment stagnant du sommet musical.
Comme matériau harmonique principal, j’ai choisi le premier accord de la pièce “Le Chaos” de Jean-Féry Rebel, pièce qui précède l’oeuvre que j’ai composée lors du concert. La stagnation est créée par la répétition perpétuelle de la phrase initiale qui introduit « l’accord Chaos ». J’utilise la répétition de façon irrégulière, une notion que je nomme « répétition instable » ou « fausse répétition ». Ainsi, avec l’emploi de la répétition, je tente de rendre ma musique plus perceptible, et de jouer à la fois avec l’attention et l’anticipation de l’auditeur, en introduisant des variations persistantes.
Le premier accord de l’oeuvre « Chaos » de Rebel m’a beaucoup surpris, sachant qu’il s’agit d’une pièce du XVIIIe siècle. Pour ce compositeur français, cet accord utilisant toutes les notes de la gamme en même temps représente le chaos où tous les éléments se juxtaposent. Rebel dévoilera les éléments (feu, eau, terre, et air) à la suite de l’introduction du chaos.
Il souhaitait représenter tous les éléments par des idées musicales – la terre par la basse, l’air par une note tenue aiguë; le mouvement descendant et montant représente l’eau, et la brillance des violons représente le feu.
J’ai essayé de rendre hommage à cette idée, mais de façon condensée; tous les éléments se trouvent dans le premier geste répétitif. Les variations dans la répétition guideront l’auditeur à écouter des éléments différents de la phrase initiale à chaque réapparition, et à laisser émerger petit à petit le contenu orchestral, rythmique, et gestuel.
Comme Rebel, je dévoile petit à petit le « chaos » dans un long processus allant de l’inharmonicité vers l’harmonicité.
Cette pièce est écrite en collaboration avec le chorégraphe Nicolas Cantillon sur sa pièce «Climax ». Nous avons essayé de travailler de manière à ce que la création de la musique et de la danse soient en parallèle, pour ne pas laisser une forme d’art dominer l’autre, et que le lien émerge par la rencontre des deux disciplines.